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53eme anniversaire de l’Assassinat du leader résistant Ernest OUANDIE
 
Déclaration du Citoyen Hilaire Kamga
 
Le 15 janvier 1971 à 16h37 mn, le Camarade Emile, notre leader Ernest Ouandié fut lâchement assassiné ici à Bafoussam par le régime néocolonial Ahidjo/Biya.

 
Cet assassinat, que ses auteurs et commanditaires ont voulu spectaculaire avec une portée dissuasive pour la jeunesse combattante et pour tous ceux qui avaient une sympathie avec la Résistance engagée par les dirigeants Upcistes, a fort heureusement produit l’effet boomerang non anticipée par la bande à Semengue et autres. Comme l’a souhaité, dans ses derniers moments Ernest Ouandié, son sang versé suite aux 12 balles qu’il reçut publiquement, va irriguer les laboratoires de production de nouveaux révolutionnaires, appelés à maintenir la flamme jusqu’à la victoire finale qui est la libération totale du peuple camerounais.
Ce 15 janvier 1971, je n’y étais pas, mais mon papa qui y était, mon grand-père, son camarade en exil, m’en ont suffisamment appris et édifiés pour que je puisse assumer, avec d’autres, sans gêne l’ensemble de ce noble combat pour lequel le camarade Emile et les autres leaders tel Um Nyobe, Ossendé Afana, Felix Roland Moumie et autres y ont laissé leurs vies.
Mais au-delà de cette dimension génétique du fait de l’engagement de mes parents dans cette lutte, je dois mentionner, afin que nul n’ignore, que cette résistance ne saurait se comprendre pleinement si sa présentation est galvaudée, que ce soit dans une perspective de circonscription temporelle/conjoncturelle ou dans une dynamique partisane ou éthique. La Résistance initiée par nos valeureux devanciers est bien au-delà de ces considérations spécieuses et doit s’appréhender comme une dynamique idéologiquement encadrée, politiquement républicain et opérationnellement séquencée. Cette Résistance, celle de nos martyrs, résiste donc au temps, se distance de l’embrigadement politicien et ethnique, se méfie des leaderships neutralisant, et refuse toute perspective de confiscation aussi bien au niveau individuel que collectif. 
C’est ici le lieu de saluer les acteurs de la 2ème séquence de la lutte révolutionnaire que j’ai découvert en 1990 et qui ont renforcé ma détermination. Il s’agit entre autres des résistants Henriette Ekwe, Anicet Ekané, Yondo Black, Jean Michel Tekam, et les autres qui, en assumant ce ‘statut’ dans un procès public au Tribunal Militaire de Yaoundé (sous l’ère Fochive), montraient clairement à la satrapie de Yaoundé que Ernest Ouandié n’est pas mort pour rien ; en fait qu’il n’est pas mort. Il s’agit aussi des ainés tels que Shanda Tonme, Sindjoun Pokam, Mboua Massok, Djeukam Tchameni, John Fru Ndi, Hameni Bieleu, Dika Akwa……………….
Le parcours ultérieur de certains ne saurait autoriser un quelque travestissement des faits historiques, ou encore galvauder leur contribution à la lutte pour le Changement. Oui, nous sommes ces héritiers-là. Nous sommes fiers de poursuivre la Résistance.
Pour autant, le bilan de ces différentes phases de la résistance reste mitigé. En effet, si l’on peut se féliciter de la préservation garantie de la mémoire de nos héros et le recyclage générationnel des révolutionnaires, l’on doit par ailleurs déplorer les différentes hypothèques à la victoire finale.
Concernant ces hypothèques à la victoire finale, je dois citer entre autre, la guerre de leadership, le refus d’apprendre, la nature néocoloniale du régime de Yaoundé et l’égocentrisme destructeur de plus en plus observée. Pourtant nos devanciers nous ont enseigné, par leur comportement, leur mode organisationnel et leur compréhension du leadership, l’inopérationnalité des logiques claniques ou ethniques, des postures messianiques et les dangers de l’auto-neutralisation.
 
Il est reste donc urgent que cette lutte se pérennise pour la libération totale du Cameroun.
 
De la pérennisation de la Résistance
 
Je salue les nouveaux ouvriers qui sont vénus renforcer la dynamique de la résistance au Cameroun. Cette 3ème phase de la résistance va renforcer, la deuxième que les combattants de la liberté et de la démocratie conduisent depuis 1990, qui elle-même était le prolongement de celle encore plus sanglante, que nos grands-parents et parents, nationalistes ont mené pendant des décennies avant et pendant les indépendances. Celle-là même qui s’est soldée le 15 janvier 1971 avec la fusillade par le Régime de Yaoundé du Combattant Ernest Ouandie et ses camarades. La 3e phase de la résistance, qui s’est renforcée de la vague des résistants de l’après 07 octobre 2018, doit se poursuivre dans la perspective de la libération totale du Cameroun. Cette 3e phase pose plus que jamais les défis de la collectivisation de la gestion de la lutte, de la nécessité d’une Transition politique post-révolution garantissant l’évènement d’une 3ème République dans laquelle la souveraineté appartiendra effectivement au peuple. Si ces défis sont profondément considérés, nous atteindrons les deux principaux objectifs de nos révolutionnaires sacrifiés notamment la véritable indépendance et la saine et juste réunification.
 
Le combat d’Ernest va continuer.
 
Si nous prenons conscience des enjeux, de notre responsabilité et nous armons de l’humilité nécessaire, au dépassement de soi, alors nous arriverons à la libération de ce pays.
Les résistants actuels ont la chance d’avoir encore vivant un des acteurs de cette lutte. Du haut de sa notoriété, le Roi SOKOUDJOU Jean Rameau, peut encore irriguer notre génération des conseils nécessaires pour éviter une mauvaise négociation de ce virage déterminant pour la libération. Le moment est peut-être venu de donner définitivement raison à Ernest Ouandie qui a consenti au sacrifice suprême pour la libération. Oui avec la fin de règne irréversible de Monsieur Biya Paul, l’opportunité de la libération est donnée. Malheur à ceux qui plomberont une fois de plus cette opportunité. Le Cameroun doit se libérer, se réconcilier avec lui-même et redémarrer dans le cadre d’une 3ème République dont le socle sera bâti à partir d’une Commission Vérité Réconciliation.
L’urgence d’une Union pour la Transition Politique s’impose et l’ensemble des forces de changement doivent s’y atteler. Kamarade Emile, repose en paix là où tu es. Rassures toi que ton sang n’a pas été versé pour rien. La lutte continue tant que le néocolonialisme asservit le peuple.
 
Citoyen Hilaire KAMGA

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