Exposition en duo des artistes plasticiens Daniel Onguene et Marcel Tchopwe.
La 5e édition du festival culturel nommée Ruinart Festiv’Art s’est tenu ce 9 octobre 2024 à l’immeuble Bolo sis au camp Yabassi. Le thème choisi pour cette autre édition était les bâtisseurs. Un thème évocateur, qui vient mettre au goût du jour les richesses d’une Afrique prospère.
L’art dans toute sa splendeur, a fait de bien heureux ce 9 octobre 2024 à la résidence Bolo au camp Yabassi. Qui l’aurait imaginé cet intérêt que développe de plus en plus la jeunesse face aux œuvres d’art. Ils étaient jeunes : enfants, parents, artistes musiciens à avoir répondu tous présents à l’invitation à l’exposition en duo des artistes Daniel Onguene et Marcel Tchopwe. Pour ces deux artistes plasticiens qui présentaient pour la toute fois leurs chefs d’œuvres à leurs compatriotes Camerounais, ont travaillé sur des thématiques centrées sur le vécu quotidien des Hommes.
Des peintures qui mettent en lumière les richesses du Cameroun, qui en réalité devrait être une source de motivation pour les enfants d’Afrique. Daniel Onguene et Marcel Tchopwe à travers leurs pinceaux souhaitent apporter à cette jeunesse qui semblait avoir perdu tout espoir, un signal fort afin que chacun à son niveau retrousse les manches et se serve de tout ce qu’offrent les terres du pays. C’est pourquoi Daniel Onguene a baptisé sa collection le « vieux goût du bris » inspirée du camfranglais, qui s’appuie sur l’histoire des denrées alimentaires à l’ère coloniale à l’instar du cacao, du café, du plantain et du riz. A cette époque, l’Afrique était considérée comme mamelle nourricière de l’économie mondiale mais qui en retour ne devait pas jouir des fruits de ce système économique des temps coloniaux. « Dans ce projet que je présente aujourd’hui, je suis dans ce narratif d’une Afrique qui se réveille et je m’inspire fortement de la dynamique en vigueur en Afrique. Où après la crise du Covid et le conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’Afrique commence à se réveiller, prend conscience de l’importance d’être économiquement indépendante du reste du monde » déclare l’artiste plasticien. C’est la raison pour laquelle il invite ces jeunes Camerounais à se lever comme un seul homme afin de prendre le relais et de faire rayonner son continent et cela se fera avec le soutien du gouvernement. « Et c’est ce qui donne lieu dans les observations que j’ai eu à mener sur ma société. C’est de se rendre compte que beaucoup de jeunes camerounais qui sont issus du secteur informel commencent à proposer des alternatives à tout ce qui est produit importé. Ces initiatives individuelles ont souvent besoin d’être accompagnées par l’État et l’artiste a aussi un rôle à jouer dans le sillage parce que l’art a toujours été un outil de propagande à travers mes œuvres je suis aussi dans cet accompagnement » poursuit-il.
Quant à Marcel Tchopwe qui, lui aussi, suit le même mouvement. Il célèbre cette jeunesse fière et travailleuse qui ne recule devant rien pour se faire une place au soleil. Dans sa collection intitulée « rêve inabouti », l’auteur met en lumière les métiers que d’aucuns considèrent comme « salissant » où ces jeunes qui, après leur cursus académique, n’ont pas eu la chance d’exercer dans les secteurs formels mais ont décidé d’entreprendre pour survivre.
« Mon travail tourne autour de la question du portrait psychologique qui vise ici à extérioriser nos ressentis intérieurs, nos états d’esprit. Ce travail explore l’espoir, cet espoir qui se dessine à travers la résilience de la jeunesse qui se battent au quotidien à travers des petits, investissements et entrepreunariat que la jeunesse commence à adopter comme moyen de subsistance, d’existence »
Sur ces peintures, le peintre félicite cette jeunesse qui ose malgré les conditions de vie précaire mais qui reste optimiste. « Un travail qui célèbre ces jeunes malgré l’incapacité de s’insérer dans le marché ont pu se frayer un chemin dans les domaines que l’on citera comme des domaines des pauvres, des sots métiers. Je célèbre ces personnes qui se sont insérées dans cette activité et ont pu prospérer dans ce couloir » Les poulains de Hervé Youmbi comptent bien suivre les pas de celui qu’ils appellent mentor pour amener cette jeunesse à croire en elle et par ailleurs l’invitent pourquoi pas à suivre leurs pas dans ce métier du futur qui, jusqu’ici, continue de nourrir son homme.
Lisa YOUMSSI