Extrême-nord

0
54

Vaste opération d’acte de naissance

Les autorités administratives se sont engagées à établir cet acte d ‘Etat civil à au moins 400 000 enfants qui n’ont pas pu présenter l’examen du Cep l’année qui vient de s’achever faute de cette pièce d’identité.

Sur près de 400.000 enfants sans actes de naissance dans la région de l’Extrême-nord Cameroun, 378.762 élèves n’ont pas pu se présenter à l’examen du Certificat d’Études Primaires en fin d’année scolaire 2019/2020 tel que le révèlent les résultats publiés d’une étude du Bureau National de l’État civil du Cameroun. En plus des 21.238 élèves en classe intermédiaires dont des milliers sont en classe du Cours Moyen 2 cette année, il y a d’autres milliers d’enfants non scolarisés, ce qui grossit sans cesse les chiffres des enfants sans actes de naissance. Face à l’ampleur du phénomène dans les six départements (Mayo- Kani, Mayo-Tsanaga, Mayo-Danay, Mayo-Sava, Logone et Chari et Diamaré). Au cours de la réunion de coordination administrative et de maintien de l’ordre tenue le 15 octobre dernier dans l’arrondissement de Bogo, le préfet du Diamaré, Jean Marc Ekoa Mbarga s’est indigné de l’attitude des parents d’enfants de son unité de commandement, à ne pas faire établir des actes de naissance à leurs progénitures. Il s’est surtout rappelé une triste réalité vécue lors d’une tournée en 2019 : 

«Ce que nous avons vu à Gazawa l’année dernière avec le Gouverneur (Midjiyawa Bakary), était inacceptable. Il n’y a pas de raison que vous faites un enfant, et que du jour de sa naissance jusqu’à son entrée au cours moyen 2 à l’âge de dix ans pour les plus intelligents, qu’ils n’aient pas d’acte de naissance pour se présenter à l’examen du CEP et le concours d’entrée en sixième, parce que vous n’avez pas pu le faire».

Profitant de cette tribune regroupant les neuf Sous-préfets d’arrondissement (Maroua 1er, Maroua 2e, Maroua 3e, Gazawa, Bogo, Meri, Ndoukoula, Dargala et Petté) des chefs traditionnels, tous les chefs de services déconcentrés de l’État à savoir entre autres, l’Education de Base, la  Promotion de la Femme et la Famille, les Affaires Sociales, le numéro 1 du département du Diamaré a interpelé les parents, les élus locaux et toute la chaîne de l’état civil à prendre leurs responsabilités pour une année scolaire 2020/2021 débarrassée d’élèves sans acte de naissance : «Nous devons prendre des dispositions chacun à son niveau afin que cette année scolaire qu’il n’y ait plus d’enfants au CM2 qui présente le concours d’entrée en 6e et le CEP sans acte de naissance. Que tous les directeurs d’école nous envoient les listes de tous les élèves du CM2, nous allons saisir les mairies et la justice pour qu’on leur établisse des actes de naissance»

Réagissant à cette préoccupation et détermination du Préfet Jean Marc Ekoa Mbarga, l’assistance a sollicité le concours des chefs traditionnels pour servir de relais à leurs populations respectives. D’après une déclaration de Tombalbaye Japonais Fils, chef d’agence régionale du Bunec pour l’Extrême-nord, cinq principales causes sont à l’origine de la perpétuation du phénomène des enfants sans actes de naissance. Il cite l’ignorance des parents, le poids des us et coutumes, la faible couverture des services d’état civil dans les localités éloignées et enclavées, les mauvaises conditions de travail et de rémunération des officiers d’état civil assermentés qui toucheraient cent Fcfa par pièce établie, et enfin le déficit de sensibilisation dans les communautés. Autant de raisons qui justifient le rang de bon dernier de la classe qu’occupe la région de l’Extrême-Nord  du Cameroun, avec 42% dans l’enregistrement des naissances et de confection des actes d’état civil. Cela explique aussi en partie le rang de cette région classée la moins scolarisée en langues officielles au Cameroun et dans le Septentrion, avec 30,7%, suivi du Nord 36,2% et l’Adamaoua, 42,2%.

Jean Paul Choun Nyat

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez saisir votre nom ici