Ngaoundéré.

0
71

Un prévenu meurt à la PJ

Placé en garde à vue sans aucune audition dans cette unité de police de l’Adamaoua, un commerçant d’une trentaine d’années passe de vie à trépas, après avoir été violemment frappé à la tête et à la poitrine, pendant toute sa détention par les policiers.

Les faits remontent au vendredi 17 janvier dernier, vers 13h, à la sortie de la mosquée. Alors qu’il s’apprêtait à prendre le chemin du retour après la traditionnelle prière, Abdoul Wahabou Dandjouma et son cousin vont être illégalement interpellés sans mandat par une escouade de policiers en service à la division de la police judiciaire de Ngaoundéré qui sans preuves accusent le jeune commerçant de vendre des stupéfiants, selon une prétendue plainte déposée par l’un de ses voisins.

Sans lui donner le temps de s’expliquer et sans l’avoir auditionné, le jeune débrouillard est immédiatement placé en garde à vue. Tel un acharnement, les bourreaux du trentenaire vont bondir sur cet homme impuissant, en lui assénant des coups à la tête et à la poitrine.

Malgré ses cris de douleurs atroces et de désespoir liés aux difficultés de respirer, ces policiers vont continuer de frapper Wahabou, à coup de matraques, de rangers, et d’autres objets interdits, jusqu’à ce qu’il cesse de réagir, rapportent des témoins.

 Face au corps inerte du jeune homme, le chef de la division de la police judiciaire de Ngaoundéré, le commissaire divisionnaire Massa Zomo Mathieu pris de panique, va ordonner l’évacuation de Wahabou Dandjouma à l’hôpital régional de Ngaoundéré où il sera simplement et purement déclaré mort.

Une scène horrible, qui vient remettre au goût du jour l’épineux problème de la violation des droits humains au Cameroun. Le Cameroun serait-il désormais devenu l’élève par excellence de la torture ? Alors que les camerounais reprennent à peine leur souffle après l’affaire Longuè Longuè, cet énième décès, celui d’un jeune commerçant, propriétaire d’une cafétéria au quartier Mbibar, survenu à Ngaoundéré dans les locaux de la police judiciaire, illustre parfaitement l’addiction de nos forces de police à la torture. 

« Une énième cruauté condamnée par Mandela Center »

Le Cameroun fait plus que jamais peur surtout lorsque ceux qui sont censés vous protéger représentent désormais un réel danger. Alors que la lutte contre les détentions arbitraires et abusives n’a pas fini de sonner ses carillons, pour la police judiciaire de Ngaoundéré, il s’agirait d’un non-lieu. Les hommes en tenue de cette unité qui font la sourde oreille, disent  » AH » aux instructions des autorités. C’est dire qu’au Cameroun chacun fait comme bon lui semble. Le mépris des droits humains affiché par la DPRJ de Ngaoundéré, n’est pas passé inaperçu. Mandela Center condamne l’irresponsabilité et la cruauté des éléments de force et de défense camerounaises qui ont abandonné ce jeune homme agonisant, alors même qu’il avait besoin de soins médicaux d’urgence. L’irresponsabilité du commissaire est également à blâmer dans ce décès digne d’une barbarie sans nul autre pareil. L’ONG n’a non plus manqué de déplorer que la pratique de la torture se généralise amèrement au nez et à la barbe des autorités complices ou non. « Le Cameroun récidive deux mois après son passage devant le comité des Nations Unies contre la torture »

Alors que la quasi-totalité des membres du comité des Nations Unies contre la torture s’était indignée de la généralisation de la torture au Cameroun, le pays a à nouveau ouvert le bal des traitements inhumains et cruels pour cette nouvelle année qui n’est qu’à son aube.

Alors que les enquêtes sur les décès mystérieux de Martinez Zogo, Samuel Wazizi ou sur la torture de Longuè Longuè, Ramond Cotta, tarde à livrer leurs copies, on se demande où va le Cameroun à cette allure en 2025 ? En tout cas pour ce cas d’espèce, et en attendant le rapport médical, Mandela Center affirme que le corps d’Absouk Wahabou Dandjouma déposé à la morgue de l’hôpital régional de Ngaoundéré présente des hématomes très visibles.

C’est donc une affaire à suivre.

Christine Babanda

LAISSER UNE RÉPONSE

Veuillez saisir votre commentaire !
Veuillez saisir votre nom ici