Cameroun-France

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Les archives déclassifiées révèlent un passé trouble

Le président camerounais, Paul Biya, a reçu le mardi 28 janvier dernier, un exemplaire du rapport de la Commission mixte sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun, entre 1945 et 1971. Les membres de cette Commission étaient au palais de l’unité, pour remettre ce rapport qui clôt la mission de recherche de la Commission et qui ouvre la voie à une nouvelle ère de coopération entre la France et le Cameroun.

Paul Biya a salué d’entrée de jeu le travail de la Commission en soulignant que ce rapport permettra aux générations futures de mieux comprendre leur histoire et de se projeter dans l’avenir. « La Commission mémoire a fait une œuvre qui impactera indubitablement les générations futures en ce qu’elle leur permettra, non seulement de bien comprendre leur histoire, mais aussi de mieux se projeter dans l’avenir » stipule le président. Il a également annoncé la création d’un comité de suivi pour capitaliser les résultats de cette recherche et a évoqué l’idée d’une réforme des programmes scolaires sur le nationalisme camerounais.

Le chef de l’État continue de saluer l’initiative de la Commission mémoire, en soulignant que ce travail de recherche est une victoire pour ses idées. Dans son livre « pour le libéralisme communautaire », paru en 1987, il avait déjà appelé les historiens à restituer les événements qui ont conduit à la décolonisation du Cameroun de manière objective.

 La réalisation de ce travail a été rendue difficile par la loi du 3 Janvier 1979, qui limitait l’accès aux archives sur l’engagement de la France au Cameroun après la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la décision du président Macron d’ouvrir ces archives a été une étape importante vers la vérité. Pour Paul Biya, ce travail de recherche est l’occasion de réécrire l’histoire de la relation entre la France et le Cameroun, deux pays amis avec des relations séculaires. Il a déclaré qu’« il fallait en arriver là et admettre ensemble cette catharsis entre la France et le Cameroun », soulignant ainsi l’importance de cette étape vers la réconciliation et la coopération entre les deux pays.

Les archives françaises éclairent le passé de Cameroun

Les 14 chercheurs (7 Français et 7 Camerounais), qui ont accompagné l’historienne française Karine Ramondi, dans la réécriture de l’histoire du Cameroun ont mis en lumière de nombreuses zones d’ombre grâce aux archives françaises. Les événements de 1945, par exemple, ont été révélés comme des événements réprimés dans une violence ourdie par les colons, plutôt que comme une simple « émeute ».

Le rapport de la commission mémorielle a également éclairé les événements sanglants de mai 1955 à Douala, qui ont conduit à l’interdiction de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et à la clandestinité de ses leaders. Les chercheurs ont découvert comment la France a organisé une campagne de diabolisation de l’UPC, présentant ses membres comme des terroristes plutôt que comme des nationalistes.

Pour Paul Biya, ce rapport est une première étape nécessaire pour découvrir la vérité sur le passé du Cameroun. Il a encouragé les chercheurs à poursuivre leurs recherches pour éclairer d’autres zones d’ombre de l’histoire du Cameroun. « Votre travail doit se comprendre comme une première étape nécessaire qui ouvre les perspectives d’autres recherches dans la quête de la vérité » indique le président camerounais à l’endroit des membres de la Commission mémorielle.

Rappelons que la commission mixte sur le rôle et l’engagement de la France dans la lutte contre les mouvements indépendantistes et d’opposition au Cameroun, a été créée en 2022, suite à un accord entre les présidents camerounais et français. La commission a commencé ses travaux en mars 2023, avec deux volets : un volet recherche dirigé par Karine Ramondi et un volet artistique dirigé par Blick Bassy.

Le rapport, qui était attendu en décembre 2024, a été présenté au président français Emmanuel Macron le 21 janvier dernier au palais de l’Elysée. Paul Biya a été représenté à cette cérémonie par Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de la présidence de la République.

Le 28 janvier, c’était au tour du président camerounais de recevoir le rapport. Emmanuel Macron s’est fait représenter à cette cérémonie par Mohamed Soilihi Thani, ministre délégué chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux. Le rapport détaille l’implication de la France dans la répression des mouvements indépendantistes camerounais entre 1945 et 1971.

Ange kamya

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