RDC

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La tension monte

La république démocratique du Congo est plongée dans la violence. Les affrontements entre les forces armées et les groupes rebelles ont fait des dizaines de morts et de blessés. La communauté internationale appelle à la paix, mais la situation reste tendue.

La situation en République démocratique du Congo (RDC) continue de se détériorer. Selon un haut diplomate rwandais, le groupe armé M23 va poursuivre ses opérations au-delà de Goma, ville stratégique du Nord-Kivu. Des tirs sporadiques ont été signalés dans les quartiers périphériques de Goma, tandis que le M23 et l’armée rwandaise contrôlent la zone autour de l’aéroport et occupent une grande partie du centre et des faubourgs. Le sommet de la communauté Est-Africaine (EAC) prévu à Nairobi est maintenant incertain, car Félix Tshisekedi, le président de la RDC, n’a pas prévu d’y participer. Le Rwanda a également laissé entendre qu’il pourrait ne pas s’y rendre.

L’avancée du M23 en RDC : un conflit qui s’intensifie

Selon l’ONU, le groupe armé M23, soutenu par environ 3000 à 4000 soldats rwandais, est en lutte contre l’armée congolaise depuis plus de trois ans. Récemment, les troupes du M23 ont envahi Goma, la capitale du Nord-Kivu, et contrôlent désormais la majeure partie de la ville et de la zone autour de l’aéroport.

Selon Vincent Karega, haut diplomate rwandais, le M23 va poursuivre son avancée dans l’est de la RDC, voire au-delà de Goma. « Ils vont continuer dans le Sud-Kivu, parce que Goma ne peut pas être une fin en soi, à moins qu’entretemps, ils ne négocient avec le gouvernement de Kinshasa, ce dont je doute », a déclaré Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands Lacs.

Au moins 100 personnes ont été tuées et en plus de 1000 blessés, selon les informations fournies par plusieurs hôpitaux. Les hôpitaux de Goma « sont submergés » de blessés et de « nombreux corps » jonchent les rues de la ville, a affirmé l’ONU lors d’un point de presse mardi 28 janvier, citant leurs employés sur place.

La situation humanitaire est « extrêmement inquiétante », s’alarme l’ONU, annonçant que la distribution d’aide alimentaire a dû être suspendue de la situation sécuritaire. La ville de Goma compte environ un million d’habitants et autant de déplacés. La région vit une crise humanitaire chronique depuis de très nombreuses années. Les combats ont fait plus de 500 000 déplacés depuis début janvier, a ajouté la ministre congolaise des Affaires étrangères mardi soir.

L’Union africaine a exhorté les combattants du M23 « à déposer les armes », tout en disant « condamner les violences du M23 ». L’ONU a également tenu une réunion de son conseil de sécurité à New York, où l’ambassadeur chinois a appelé le Rwanda à cesser de soutenir le groupe armé M23.

Une communication du président congolais, Félix Tshisekedi, est attendue pour la soirée, selon la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC). C’est la première fois que le président prendra la parole depuis le début de l’assaut du M23, dans la nuit de samedi 25 janvier à dimanche 26 janvier.

Les ambassades étrangères visées par les manifestants à Kinshasa.

Pendant ce temps, la situation à Kinshasa est relativement calme après les manifestations de mardi, qui ont dégénéré en attaques et pillages de certaines chancelleries. Les rassemblements qui visaient à condamner l’offensive du groupe armé M23 sur Goma, ont été reportés à une date ultérieure, a annoncé le gouverneur de Kinshasa. Les dégâts sont considérables, selon les témoignages.

Les manifestants, qui protestaient contre l’avancée du groupe armé M23 sur Goma, ont pillé et incendié plusieurs ambassades, dont celles de France, d’Ouganda et du Kenya. Le centre-ville de Kinshasa est désert, les magasins sont fermés et les rues sont vides. Quelques groupes de manifestants ont été signalés près de la gare centrale et du rond-point Kin Maziere, mais ont été rapidement dispersés par la police.

Les ambassades visées par les manifestants portent les traces de la violence. L’ambassade de France présente des impacts de pierres sur son portail, une entrée secondaire a été incendiée et les portes des inscriptions hostiles envers la France. Les ambassades de l’Ouganda et du Kenya ont également été pillées et incendiées. Les manifestants ont pu pénétrer dans ces bâtiments, brisant les vitres, pillant les bureaux et emportant des ordinateurs et des documents. Plusieurs voitures ont également été incendiées. L’ambassade du Congo Brazzaville a également été visée, mais les manifestations n’ont pas pu pénétrer dans l’enceinte. Les vitres ont été brisées et des pierres ont été jetées sur la façade. Certaines pierres ont d’ailleurs atterri sur le bureau de l’ambassadeur. « Heureusement, l’ambassadeur n’était pas présent », confiant tout à l’heure un diplomate en poste. L’ancienne ambassade du Rwanda a également été visée.

Les conséquences des manifestations

La ville de Goma connait un calme fragile après les tirs entendus plutôt dans la journée. Cependant, la situation humanitaire reste préoccupante, avec des coupures d’eau et d’électricité persistantes, ainsi qu’une interruption du signal de la RTNC.

A Kinshasa, la tension est toujours élevée après les manifestations violentes de mardi devant plusieurs ambassades. Les dégâts sont encore visibles, notamment à l’ambassade de France, où un incendie a été provoqué par les manifestants.

La situation à Kinshasa et Goma reste tendue. Ce matin, des tensions sporadiques ont été signalées dans certains quartiers de la capitale, avec la présence policière renforcée devant les ambassades de Belgique et des États-Unis. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, et l’armée a été déployée. Malgré un calme relatif à la mi-journée, des stigmates des tensions étaient encore visibles, tels que les pneus brulés et des blocages de route.

A Goma, le calme est revenu, mais la situation reste dramatique. Les hôpitaux accueillent toujours des blessés, et les morgues sont pleines. Les combattants du M23 sont visibles dans plusieurs quartiers, et la psychose persiste. Les commerces qui avaient ouvert ont fermé à nouveau par crainte de nouvelles violences.

Le président Félix Tshisekedi s’est exprimé hier mercredi.

Appel à la paix

La conférence internationale sur la région des Grands Lacs a publié un communiqué ce mercredi matin, exprimant sa « profonde préoccupation » face à l’escalade des tensions à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). La conférence appelle « au respect du cessez-le-feu d’août 2024 et à la reprise du dialogue entre la RDC et le Rwanda ».  « Suite aux violents affrontements à Goma, nous appelons au respect du cessez-le-feu d’aout 2024 et à la reprise du dialogue entre la RDC et le Rwanda » a-t-elle écrit sur X, en publiant le communiqué.

Le pape François a condamné les violences qui ravagent l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et a lancé un appel urgent pour la fin des combats. « J’exhorte toutes les parties au conflit à s’engager en faveur de la cessation des hostilités et pour la sauvegarde des populations civiles de Goma et des autres régions concernées par les opérations militaires » a-t-il dit à l’issue de l’audience générale.

Le Rwanda menace de boycotter le sommet de l’EAC

Par ailleurs, le Rwanda a menacé de boycotter le sommet de l’EAC (Communauté d’Afrique de l’Est) si les principaux acteurs de la crise à l’est de la RDC n’y participent pas. C’est au travers d’une prise de parole mardi après l’annonce de la présidence congolaise, selon laquelle Félix Tshisekedi ne participerait pas au sommet, que l’ambassadeur rwandais des Grands Lacs Vincent Karega l’affirma.

Le président Félix Tshisekedi a préféré suivre de près l’évolution de la situation à l’Est du pays plutôt que de participer au sommet. Il « n’a pas prévu de participer à la réunion convoquée par son homologue Kenyan, William Ruto, sur les tensions dans cette région » selon Giscard Kusema, directeur adjoint de la cellule de communication de la présidence de la République. Des tirs sont entendus vers Katoyi et le camp militaire Katindo.

Ange kamya

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