Le sucre amer des ouvriers.
Les activités ont repris dans la localité de Nkoteng après la grève des ouvriers de la Sosucam de mardi dernier.
La localité de Nkoteng peine à retrouver le calme et la sérénité, après les émeutes sanglantes qui se sont déroulées mardi dernier suite à un mouvement de grève des ouvriers de la Sosucam qui a abouti à un affrontement avec les forces armées et polices. Ce matin, du jeudi 6 Février 2025. La circulation a repris dans la ville, on observe des motos -taximen qui vont et viennent, les habitants de la localité qui vaquent normalement à leurs occupations. Dès l’entrée dans cette ville, on voit le véhicule de la mairie qui nettoie la scène du crime. De l’autre côté, les boutiques et le marché sont ouverts, à la grande satisfaction des tenanciers « ce que nous avons vécu ces jours -ci était inexplicable. On a toujours eu des grèves à Nkoteng, mais on n’avait jamais atteint ce niveau, c’était vraiment apocalyptique. Il y a des enfants qui n’ont jamais suivi des bruits d’armes, mais ça tirait de partout. Nous sommes très contents parce que les choses sont en train de revenir à la normale, ça n’a pas été facile ce que l’on a traversé ces deux jours. Reprendre nos activités est une grande satisfaction » décrie Alain serge Tiwa, tenancier d’une poissonnerie. Autre lieu, même satisfaction, docteur Zangue Leonel, pharmacien, obligé d’être fermé deux jours du fait de la situation que vivait la ville « avec ce que nous avons vécu, nous sommes très heureux que la ville reprenne son cours normal, les activités ont repris, vous-mêmes vous constatez les voitures anti-émeutes qui étaient là ne sont plus là ».
L’école a également repris d’ailleurs, rendu à l’école publique de Nkoteng ville 2 pour constater cette effectivité, on peut apercevoir sur la cour des écoliers qui s’adonnent aux entraînements du défilé du 11 février avenir. Et dans une des salles de cet établissement en vue de la journée du bilinguisme, d’autres élèves sont en cours d’anglais.
Que ce soit au primaire ou au secondaire, les cours ont repris, en témoigne Jean Bilegue que nous rencontrons au sortir des classes. « C’est une bonne chose de reprendre les cours parce que l’on a fait deux jours sans les professeurs qui viennent de Douala et de Yaoundé. Je suis vraiment content de cette reprise. Comme je suis en classe d’examen, je n’étais plus rassuré parce que l’on se rapproche de l’examen et cette situation devrait vraiment nous pénaliser ».
Les services créés par ce mouvement d’humeur sont encore visibles notamment dans la ville entre trous sur la chaussée et milliers d’hectares de plantation de cannes brûlées.
Lors de ces affrontements, on enregistre un mort officiellement. Rendu au sein de sa famille, l’heure est au recueillement, en larme et colère, Gaston Diora, âgées 21 ans a été atteint par balle au cours de ces échauffourées, après près de trois jours de résidence dans la ville, nous ne trouvons n’a pas d’explication « je ne sais pas ce que mon fils a fait sur la terre pour mériter ce traitement, mon fils est venu pour se chercher comme tous les jeunes de son âge. Les gens font grève, il est parti d’ici pour voir, après on vient m’informer qu’il est mort » raconte la mère de la victime. Le corps sans vie du jeune est gardé à la morgue de l’hôpital évangélique. D’un côté comme de l’autre il y’a eu des victimes, certains personnels de la gendarmerie et polices touchés par cette crise sont internés dans certaines structures de la localité, les cas graves sont évacués dans la capitale Yaoundé.
Cette localité de Nkoteng n’est pas à sa première pour ce qui est de la revendication des employés frustrés de la Sosucam « il y’a 4 ou 5 mois que l’on vient de vivre les actes de vandalisme dans la ville des émeutes suites aux revendications liées aux traitements des ouvriers » confie un employé de la Sosucam qui a requis l’anonymat.
À l’origine de ce nouveau saut d’humeur des employés de Sosucam des revendications sur l’augmentation de salaire, la réduction de la tâche, l’augmentation de la catégorie et amélioration des conditions de travail « on vit la traite négrière ou même la troisième guerre mondiale c’est à dire qu’on arrête par force pour aller travailler ce n’est pas bon. Parce que moi j’ai 15 ans de service à la Sosucam. Quand tu commences à travailler à la Sosucam, tu commences dans la catégorie 3e D. Maintenant celui qui a vingt à vingt-cinq de service est vraiment rejeté, il est vraiment minable » déplore un ouvrier sous anonymat. Au sujet de la manifestation il se veut claire, c’était une manifestation pacifique « on envoie les Fmo pour venir calmer la situation, mais on se rend compte que c’est déjà une guerre. Ils arrêtent les gens par force pour les amener au travail. Les gens se sont rebellés, c’est suite à ça que la situation s’est enlisée » raconte-t-il. Au moment où nous quittions les lieux, les travaux n’avaient pas repris à la Sosucam, une réunion est annoncée pour ce vendredi entre les ouvriers, le staff administratif, les partenaires associées et le préfet du haut Sanaga dans le but de trouver les voies et moyens pour une reprise d’activités.
Stephane Antoine Ayissi de retour de nkoteng