Une plaie dans l’extrême Nord
La région de l’Extrême nord du Cameroun est de plus en plus attachée à la pratique de l’excision. Ce fléau sévit encore dans cette partie septentrionale et les femmes sont davantage victimes.
L’excision continue de faire des milliers de victimes dans l’extrême Nord du Cameroun. Dans l’optique de limiter cette pratique préjudiciable pour la jeune fille, une causerie éducative s’est tenue dans cette partie septentrionale. L’objectif de cette rencontre vise à sensibiliser les communautés sur cette pratique néfaste qui n’a rien à voir avec l’islam, mais plutôt nuisible pour la jeune fille : « La majorité des gens ont compris que ça n’a rien à voir avec la religion, même culturellement, ils ont compris que c’est plutôt nuisible. Il n’y a de bien pour la jeune fille. En faisant l’excision, nous allons plutôt empêcher la jeune fille de procréer et comme tout le monde veut avoir beaucoup d’enfants, une femme excisée risque de ne pas avoir de place chez un homme. Il est impératif de se rendre dans les villages où en retrouve encore des exciseurs et qui ont légué cet héritage à leurs filles qui ont aujourd’hui entre 50 et 70 ans et qui pratiquent encore cette excision. Il faut aller vers elles et leur expliquer les dangers de l’excision et leur faire comprendre que cela n’a rien à voir avec l’islam, même culturellement, vous êtes plutôt en train de causer du tort à vos consœurs, à vos filles » atteste Alhadji Oumate, un Imam dans une mosquée de la place.
Cette rencontre a réuni des femmes déplacées, des élèves, des ménagères, des ex exciseuses, des leaders communautaires, des dignitaires religieux et des chefs traditionnels pour parler de ce phénomène et de ses conséquences : « J’ai beaucoup appris de cette causerie éducative, on m’a parlé de l’excision que je comprenais seulement dans les films. Aujourd’hui, j’ai vraiment vu ces exciseuses en face qui ont été excisées et qui ont excisé d’autres filles. Pour lutter contre ce phénomène, on peut sensibiliser les mamans qui continuent de se livrer à cette pratique parce que ça a vraiment un impact sur la vie de la jeune fille » témoigne Saratou, une ménagère.
Cette initiative est un pas important dans la lutte contre les mutilations féminines. Le rôle des médias est indispensable dans le combat contre cette pratique « les médias jouent un rôle important en ce qui concerne la communication stratégique pour une cause comme l’élimination des mutilations génitales féminines, nous estimons qu’il était important de venir à la source, d’avoir la capacité d’engager les partenaires médias pour pouvoir non seulement être les relais de ce qui doit être annuler, de ce qui doit être défait de ce qui est fait, de faire en sorte que ce message soit passé avec les acteurs même de la communauté. Nous sommes très contents qu’avec le soutien de la délégation départementale de la promotion de la femme et de la famille, que nous ayons pu avoir ici des jeunes, des exciseuses, des leaders religieux et de la communauté qui se mettent ensemble pour dire non. C’est ensemble que nous parvenons à avancer. Je pense que l’une des choses, que nous avons relevée ici et qui nous marque énormément, c’est le fait qu’ils aient pu définir quelles sont les difficultés qu’elles ont, mais aussi, ils nous proposent des solutions. Dans l’accompagnement qui est le nôtre, je pense qu’on va devoir continuer de travailler avec nos partenaires clés et les autres partenaires techniques afin qu’ensemble, on puisse mettre fin à cette pratique qui est contre-productive pour les femmes » argue Dr Donkeng Eddy Patrick, chef de communication. Pour Coach Lisa Prudy, écrivaine et entrepreneure, fondatrice du projet national Brisons les tabous, « l’excision constitue une violation brutale des droits humains et de l’intégrité physique et morale des filles et des femmes. Les conséquences directes violentes sur leurs vies peuvent provoquer des séquelles à long terme ». Par mutilation génitale féminine, on entend « toutes les interventions pouvant aboutir à une ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminin pratiquée à des fins non thérapeutiques. Trois types de mutilations féminines sont pratiquées au Cameroun d’après une étude. L’excision dite « Sunna » qui renvoie à l’ablation d’une partie du clitoris, ensuite la clitoridectomie qui est une ablation complète du clitoris avec des petites lèvres et enfin l’infibulation, c’est-à-dire une excision doublée d’une ablation des grandes lèvres avec suture des deux moignons. Généralement réalisée par une exciseuse traditionnelle avec un couteau ou une lame de rasoir avec ou sans anesthésie. L’excision est beaucoup plus pratiquée dans la région septentrionale du Cameroun et les conséquences sont très néfastes dans la vie de la jeune fille.