Un virus terrassait un baobab
Manu Dibango, la figure emblématique de la musique africaine et mondiale, a succombé des suites du Covid-19, le 24 mars 2020, à 86 ans.
La triste nouvelle est tombée ce matin par le truchement de sa page officielle : « chers parents, chers amis, chers fans, une voix s’élève au lointain c’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre papy groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du covid-19. Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible » C’est ce qu’on pouvait tristement apercevoir ce matin sur les réseaux sociaux de La famille du démiurge du saxophone. La première célébrité mondiale à trépasser, contaminé par ce coronavirus depuis le début de cette pandémie qui fait des ravages à travers le monde. Né le 12 décembre 1933 à Douala, l’artiste camerounais auteur compositeur, saxophoniste a eu une brillantissime carrière notamment en développant son style musical, novateur et en découvrant le rhythm and blues, il a peu à peu redoré le blason du Makossa en l’érigeant au rang des styles musicaux les plus respectés au monde. Cette réalité s’est davantage confirmée lorsque certains grands artistes de renommée mondiale, notamment Michael Jackson et Rihanna avaient piraté sa chanson Soul Makossa » et dont il aura passé une grande partie de sa vie à faire valoir ses droits sur sa chanson. C’était une légende de la musique, sa générosité et son talent étaient inouïs « Il était une icône connue dans le monde entier. Il était d’une humilité déconcertante nonobstant son rang social, il savait être à l’aise avec les chefs d’Etat comme avec les simples citoyens. Son âme d’enfant et son rire contagieux. J’ai eu l’honneur d’être à son dernier concert avec lui à Montpellier le 01 février 2020 et d’avoir eu droit à un anniversaire de sa part et puis, après le concert alors qu’on se séparait devant l’ascenseur de l’hôtel, je lui ai dit je t’aime très fort et il m’a dit « sister et moi alors ? » C’était la dernière fois qu’on se voyait, je lui ai dit, merci pour tout » a déclaré l’artiste camerounaise Kareyce Fotso très abattue à notre rédaction. La légende de la musique était non seulement un grand artiste mais aussi et surtout un père qui a de l’amour pour tous ses proches, qui sait à travers son sourire transmettre de la bonne humeur, de la joie, à travers sa magnanimité, il a su être un exemple à suivre. L’ancien capitaine des lions indomptables n’a pas tardé à extérioriser l’amour si fort et si tendre qu’il avait pour l’icône du Saxophone.
Hommage très émouvant de Samuel Eto’o Fils au défunt Manu.
Un homme fort, honnête, courageux et disponible s’en est allé. Tu es parti te reposer papa, ton parcours force admiration et respect. Je ne pourrais pas m’aventurer à décrire ta biographie mais je retiens que tu as été un patriote, un citoyen du monde, un modèle mais surtout un symbole pour tout un peuple. Merci papa. Ton écoute, tes éclats de rires et ta disponibilité sans faille vont nous manquer… merci pour tes conseils et pour l’immense œuvre accomplie en tant que pionnier même si la vie n’a pas toujours été un long fleuve tranquille… tu es parti, mais tu resteras chez nous tes proches, enfants et petits-enfants. Merci pour ce que tu as semé. Ton fils Samuel Eto’o qui t’aimera toujours, adrénaline.
Le décès tragique de l’artiste a totalement bouleversé l’univers artistique, mettant hors de leurs gongs plusieurs artistes au-delà des frontières camerounaises, c’est le cas du sénégalais Youssou Ndour n’a pas été indifférent à l’annonce de ce brusque trépas. « Quand Youssou aborde des sujets, il faut l’écouter sérieusement » ; « des personnes comme Youssou Ndour, on en a besoin» c’était tes mots pendant la campagne de la couverture maladie Universelle à mon endroit. Pas toi cher manu Dibango, non pas toi ! Nous avions aussi besoin de toi. Devant ce douloureux coup du sort, je suis à la fois triste et décontenancé. Je n’ai pas les mots pour traduire toute ma tristesse. Manu tu as été un grand frère, une fierté pour le Cameroun et l’Afrique toute entière. Une immense perte. Je présente mes condoléances sincères et attristées à sa famille, au monde de la musique et à l’Afrique entière. Adieu, le Roi du Makossa, Génie du Saxo », a raconté l’artiste sénégalais après avoir appris la triste nouvelle. C’est un jour triste pour le monde de la musique, à 86 ans, le saxophoniste dégageait encore de la force et de la bonne humeur dans tout son entourage. Il s’en va en laissant une famille accablée dont l’absence restera une pilule difficile à avaler.
