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Dr. Guillaume TABLEY SONGUE, médecin généraliste et médecin de recherche au laboratoire de référence de la tuberculose au Cameroun

Le sujet de la tuberculose est au cœur de cet entretien avec. Le médecin  répond aux questions de La Nouvelle Expression sur les différents aspects de cette maladie.

Quels sont aujourd’hui les principaux défis dans la prise en charge des patients atteints de la tuberculose ?

Déjà la tuberculose est une maladie qui a encore de nos jours, eu beaucoup de stigmatisation. Beaucoup de patients sont là déjà, lorsqu’on les diagnostique, ils n’acceptent pas le fait qu’ils l’ont. Et puis elles peuvent être dans le déni pendant longtemps, il faut les accompagner assez. Et puis c’est d’abord le soutien psychologique, ça c’est un des défis majeurs. Même comme les choses s’améliorent, les mentalités changent avec le temps, mais il ne faut pas écarter le fait que certaines personnes déjà quand tu leur dis qu’elles ont la tuberculose, elles sont plutôt dans le refus, dans le déni et elles n’arrivent pas à accepter, bien qu’aujourd’hui c’est une maladie qu’on soigne. Voilà, donc ça c’est déjà une difficulté de la part du malade, maintenant de la part du clinicien, les premiers défis majeurs sont déjà au niveau de la disponibilité des médicaments. Nous avons deux à trois périodes de l’année où nous entrons en rupture de stock c’est vraiment dommage et ceci se fait presque de façon répétitive et cela fait en sorte que nous pouvons diagnostiquer des cas mais on n’arrive pas à les prendre en charge simplement parce qu’il n’y a pas disponibilité de traitement. Pour d’autre défis, je pense que cela entre plus dans la clinique parce que justement il y a plusieurs catégories de comprimes. Il y a des catégories où l’état général du patient est conservé il y a des catégories où l’état du patient est vraiment altéré et cela nécessite des hospitalisations et dans ce genre de cas il faudrait bien pouvoir acheminer le malade dans un service spécialisé de suivi des cas de la tuberculose parce que c’est d’abord une maladie qui se transmet à travers l’air quand quelqu’un tousse il émet dans l’air beaucoup de micro palettes et ceux-là donc qui sont absorbés et cela peut donc entrainer l’infection chez les autres. Pour tous les cas où l’état général est altéré c’est-à-dire un patient qui aurait déjà des difficultés de ses signes vitaux, c’est à dire il est très fatigué, il ne peut pas vraiment pouvoir gérer un traitement comme ça parce qu’il faut le dire le traitement de la tuberculose se fait avec des antibiotiques qui ont des effets secondaires assez prépondérants ce sont des très puissant antibiotiques et le médicament en lui-même est combiné en fonction du poids nous devons prendre 3, 4 même 5 médicaments de cette taille-là qui sont qu’à même significative à la fois le matin à 05h à jeune donc que ce n’est pas facile du point de vue de la prise de ces médicaments. Et aussi, aujourd’hui, il y a des cas de résistances aux médicaments conventionnels de la tuberculose et donc le traitement sera différent on essaie au maximum d’isoler ces personnes-là pour qu’il n’y a pas une transmission de ce germe résistant de la tuberculose.

Quelles sont les causes de cette maladie et pourquoi persiste-t-elle encore au jour d’aujourd’hui ?

La tuberculose est une maladie liée à la masse de personnes. Quand il y a trop de personnes dans un endroit. C’est l’un des caractéristiques, l’un des facteurs de risque majeur de la tuberculose. C’est généralement causé par ce qu’on appelle le bacile de Koch. Le bacile de Koch, c’est une mycobactérie assez particulière qu’on appelle un Mycobacterium tuberculosis. Si on veut utiliser le terme scientifique en latin, ou bien bacile de Koch. C’est cette bactérie-là qui est donc responsable de la tuberculose. Donc que ces facteurs de risque nous avons ces zones où il y a tellement de personnes entassées, nous avons des immunodépressions. Chez des personnes, par exemple, qui sont des fumeurs chroniques. Quand on fume, on baisse l’immunité, on est exposé à la tuberculose. Il y a des personnes qui sont atteinte des maladies cardiovasculaires, telles que le diabète, par exemple. Oui une personne qui est immunodéprimée, qui a, par exemple, un VIH-SIDA, qui baisse le système immunitaire, ou toutes autres maladies ayant la capacité de baisser le système immunitaire. Même la grossesse baisse le système immunitaire et est un facteur de risque de contraction de la tuberculose. Il y a également des maladies comme les cancers, les maladies du trouble du système immunitaire comme, certains types de cancers, spécifiquement les cancers de sang. Même un cancer local dans le corps peut également baisser le système immunitaire et être exposé à ces maladies opportunistes dont le majeur est la tuberculose. Dans notre programme nous avons un délai en 2030 pour pouvoir contrôler et traiter complètement la tuberculose. Maintenant, cet objectif, s’en chemine par beaucoup de prises d’action et malheureusement, dans notre contexte, nous avons un sérieux problème à plusieurs niveaux. D’abord, au niveau de la prévention de la maladie, les endroits où sont entassés, pourquoi ça persiste jusqu’aujourd’hui, nous avons des métropoles comme Douala. Douala, justement, est une ville où il y a tellement de population dense, et c’est l’un des facteurs de risque majeur de la tuberculose. Je pense, sans toutefois me tromper, que la ville de Douala, parmi toutes les autres, est celle-là qui présente l’un des plus hauts taux de tuberculose, parce que déjà ici il y a trop de monde. Deuxièmement, au Nord aussi, la prévalence de la tuberculose est aussi très élevée. L’un des facteurs majeurs aussi, c’est l’hygiène, la salubrité qui est très importante. Par exemple, là-bas, on peut facilement trouver des ménages avec 15 personnes, 20 personnes vivant dans la même maison et tout cela. C’est pour ça que là-bas, c’est vraiment très pondérant dans la zone du Nord et de l’Extrême Nord du pays. Ça c’est déjà dans notre contexte culturel. Voilà d’autres éléments comme par exemple le fait que nous avons des ruptures de stock. Notre système de santé ne nous permet pas d’assurer une dispensation continue de ces médicaments. Prenons un exemple, un patient qui est sous traitement, qui a débuté son traitement pendant un mois. Maintenant, il en arrive qu’il doit suspendre son traitement parce qu’il n’y a pas de disponibilité de médicaments pendant deux mois. On est obligé de recommencer la cure. On est obligé de recommencer la cure du sérum et il y a beaucoup de ce genre de situation. Malheureusement, c’est ceux dont on traverse depuis déjà plusieurs années et nous n’avons pas vraiment trouvé la solution.

Quels sont les facteurs aggravants qui augmentent le risque de développer une forme sévère de la maladie ?

Il y a par exemple, lorsque quelqu’un a des symptômes de la tuberculose, généralement ça vient avec quatre symptômes cardinaux, qui sont la toux chronique, toute persistante chronique, productive, qui va au-delà des deux semaines. Ça doit déjà beaucoup nous interpeller. Cela s’accompagne de la fièvre, et où, pas absolument, donc une toux et ou de la fièvre, une toux et ou de la perte de poids, une perte de pondérale significative, ou alors la transpiration noctuelle. Donc voilà les quatre symptômes du coup nous pouvons avoir des cas où nous avons juste un de ces symptômes, et nous devons faire des examens qui s’imposent pour exclure la tuberculose. Il y a des cas où ça vient avec deux ou trois de ces quatre symptômes. Et nous ne devons pas oublier que dans la majorité des cas sont des tuberculoses pulmonaires, c’est-à-dire des tuberculoses qui attaquent spécifiquement les poumons. Mais nous pouvons avoir des tuberculoses extra-pulmonaires, qui pourront se présenter de différentes façons. Parfois, une tuberculose peut entraîner ce qu’on appelle un acide, c’est-à-dire l’accumulation du fluide dans la cavité péritonéale, c’est-à-dire la cavité au niveau du ventre. C’est possible de pouvoir avoir une tuberculose localisée au niveau des cartilages intervertébraux. C’est-à-dire, au niveau de la colonne vertébrale, on peut avoir une tuberculose qu’on appelle la maladie de POTS. Nous pouvons avoir une tuberculose cérébrale, qui va peut-être seulement se manifester par une fièvre, peut-être même des convulsions, un état de conscience vraiment atterré. Donc la tuberculose peut rejoindre plusieurs organes et ça n’a pas de limite en termes détendue. Ce qui peut pousser à aggraver, aussi c’est le temps mis au diagnostic de la tuberculose. Parfois, nous avons des cas où certains centres sont limités au niveau des examens disponibles pour la tuberculose.

Quelles sont les mesures les plus efficaces à prendre pour prévenir cette maladie tant au niveau individuel que collectif ?

Donc, pour moi, les mesures les plus efficaces qu’on peut prendre, à titre individuel, à titre personnel, déjà, c’est très important de porter le masque. Parce que, c’est par là que tout se passe. Quand vous êtes au marché, par exemple, il y a tellement de vagues. Porter un masque pour pouvoir limiter, parce que nous partageons tous le même air. Donc, vous pouvez aspirer de l’air qui contient ce germe-là et ça s’en va. Si votre immunité n’est pas suffisamment forte, il se pourrait que vous devriez repérer la tuberculose. Quelles que soient les personnes, vous pouvez être là et tout. Vous n’avez pas vraiment des signes d’une immunité faible mais vous la développez quand même. Donc, on en voit tant et tant de cas. Donc, porter le masque, surtout dans les endroits où il y a trop de monde, il faut avoir son cache-nez. Et c’est par là que vous aurez qu’à même limiter la tuberculose. Pendant la période du COVID, on avait donc justement instauré cela à cause de la pandémie COVID. Et je vous assure, si nous pouvons l’observer, mais à 20%, 30% des cas. Donc, c’est ça aussi qui va prévenir à la tuberculose. Maintenant, sur le plan collectif, je pense qu’il faudrait vraiment faire des efforts au niveau de la salubrité. La salubrité est très importante. La tuberculose est aussi en relation avec l’hygiène autour de nous. La salubrité est très importante et vitale même pour la prévention de cette maladie-là. Dans les prisons, comment est-ce qu’ils vivent ? Toutes ces choses sont importantes pour pouvoir prévenir la tuberculose. Sur le plan du système de santé, la disponibilité continue et effective des médicaments est très importante. Parce que nous ne pouvons pas commencer à diagnostiquer, et puis, lorsque nous avons trouvé le diagnostic, il n’y a pas de médicament pour pouvoir donner à la personne concernée. Et nous espérons finir cette maladie en 2030. Vraiment, je pense que ce n’est pas possible. Donc, il faut beaucoup de travail à ce niveau-là. Je pense que c’est ça qui pourrait vraiment aider à l’avancée de notre objectif : mettre fin à la tuberculose en 2030.

Interview réalisée par Ange Kamya

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