Trafic de cannabis

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300kg de chanvre indien saisis à Douala

La récente saisie de 300 kg de chanvre indien à Mambanda met en lumière le rôle stratégique de la capitale économique dans les circuits de trafic interrégionaux. En provenance de Bamenda, la cargaison révèle l’efficacité croissante des réseaux et les défis posés aux forces de l’ordre.

Le 27 mars dernier, les gendarmes du poste de Mambanda, dans la ville de Douala, ont intercepté un camion transportant trois sacs de chanvre indien, chacun contenant environ 100 kg de cette substance prohibée. L’opération a eu lieu au rond-point de Mutzig, un axe souvent emprunté par les transporteurs venus de l’Ouest et du Nord-Ouest du pays. Selon les premiers éléments de l’enquête, la drogue provenait de Bamenda, une ville connue pour être l’un des foyers de culture et de transit du cannabis au Cameroun. Trois individus âgés de 19 à 30 ans ont été arrêtés au cours de cette opération. Placés en garde à vue, ils devraient permettre de remonter la chaîne logistique et d’identifier d’éventuels complices, notamment dans les zones de production et de distribution.

Mais au-delà de ces arrestations, cette saisie illustre la complexité d’un trafic de plus en plus structuré. Les grandes villes comme Douala jouent un rôle central dans ces circuits. Située entre plusieurs régions stratégiques et disposant d’infrastructures routières et portuaires développées, la métropole devient un carrefour pour les trafiquants qui cherchent à écouler leur marchandise vers d’autres villes du pays, voire à l’international. Le Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) s’inquiète de l’ampleur croissante du phénomène. Le cannabis reste la drogue la plus consommée dans le pays, avec une circulation alimentée notamment par les tensions sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, zones d’où provient une grande partie du chanvre acheminé vers les centres urbains.

Un défi sécuritaire et sanitaire

Cette saisie vient s’ajouter à une série d’opérations similaires qui révèlent l’intensification du trafic de cannabis à travers les régions du Cameroun. Dans la nuit du 26 mars 2025, un autre contrôle, cette fois mené par la brigade de gendarmerie de Njimom, dans la région de l’Ouest, a permis de mettre la main sur un camion Mercedes transportant 50 sacs de cannabis, pesant chacun 100 kg, pour un total de 5 tonnes. La drogue était dissimulée sous des cartons de savon, au poste de contrôle de Manki. Quelques mois plus tôt, en janvier, 78 sacs de cannabis – soit 7,8 tonnes – avaient été saisis dans le département du Ndé. À l’occasion de cette opération, le colonel Abba Saidou, qui supervisait l’intervention, avait souligné qu’il s’agissait d’une « production industrielle susceptible d’alimenter toute la région ».

En mars 2024, un reportage d’Équinoxe Télévision avait par ailleurs documenté la saisie et la destruction de plus de 15 tonnes de cannabis dans cette même région. Ces chiffres montrent que les quantités en circulation dépassent largement le cadre de la simple consommation locale. Les trafiquants semblent s’appuyer sur un réseau logistique interrégional, utilisant les routes reliant les zones de production à des centres urbains stratégiques comme Douala, point de transit et de redistribution.

Outre les enjeux sécuritaires, le phénomène soulève des inquiétudes sur le plan de la santé publique. Selon une enquête du ministère de la Santé Publique, environ 12 000 jeunes âgés de 13 à 15 ans auraient déjà consommé du cannabis. Les statistiques du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD) indiquent quant à elles que 21 % des élèves camerounais ont déjà consommé de la drogue. Les autorités camerounaises poursuivent leurs efforts à travers des opérations régulières, mais l’ampleur des saisies révèle l’organisation croissante des réseaux de trafic et la nécessité d’une approche plus globale, combinant répression, prévention et éducation.                                                                                                           

Ange Kamya

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