Des poteaux en bois remplacés par du béton armé
Face à un réseau électrique fragilisé par l’usure des équipements et les aléas climatiques, le Cameroun amorce un tournant vers des infrastructures plus résistantes. Le gouvernement mise désormais sur des poteaux en béton armé pour remplacer progressivement les structures en bois, devenues synonymes de délestages et de pannes à répétition.
Lancée le 8 avril 2025 à Douala, capitale économique du Cameroun, par le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, cette vaste opération vise à poser des poteaux en béton partout sur le territoire national. Dès la première phase, prévue pour cette semaine, 10 000 unités seront installées, marquant une rupture avec les poteaux en bois, dont plus de 40 % sont aujourd’hui jugés vieux, sur un total estimé à 1,6 million. L’opération s’inscrit dans le cadre du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (Parsec), financé à hauteur de 9,5 milliards de FCFA grâce au soutien de la Banque africaine de développement (BAD). Ce financement fait partie d’un prêt plus large de 74,25 millions d’euros (environ 49 milliards de FCFA), accordé fin 2024 pour relancer un secteur énergétique en proie à des problèmes structurels.
Le marché, découpé en dix lots régionaux, prévoit la fourniture, la pose et l’équipement complet des poteaux. Les prestations des entreprises sélectionnées incluent non seulement l’installation physique, mais aussi l’armement métallique et la pose d’isolateurs rigides ou en chaîne, garantissant une solidité aux standards européens exigés par Eneo, principal distributeur d’électricité au Cameroun.
Répartition régionale et impact attendu
Sur le plan pratique, la région du Centre bénéficiera du plus grand nombre d’installations, avec 3 410 poteaux, suivie du Littoral avec 2 585 unités. Les régions de l’Est, du Sud, de l’Ouest, de l’Extrême-Nord, de l’Adamaoua, du Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest complètent la liste, chacune recevant un quota proportionnel à ses besoins et à l’état de son réseau. Ce projet n’est pas né ex-nihilo. Une phase pilote, entamée en 2019, avait permis la production locale de 1 800 poteaux en béton. Cette initiative a progressivement gagné en maturité, et en 2021, Eneo revendiquait déjà le remplacement de plus de 83 000 poteaux en bois, en grande partie par du béton et du métal.
En confiant la fabrication des poteaux à des PME locales sous contrôle qualité strict, le gouvernement entend non seulement renforcer le réseau mais aussi stimuler la production industrielle camerounaise. L’objectif est clair : stabiliser l’approvisionnement électrique et réduire les délestages, qui freinent encore de nombreux secteurs économiques et perturbent le quotidien des ménages. La modernisation de ces infrastructures marque un pas supplémentaire vers une distribution d’électricité plus fiable, condition indispensable au développement du Cameroun. Reste à suivre la cadence d’exécution, souvent ralentie par des obstacles logistiques ou administratifs.
Ange Kamya