Secteur Minier

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La région de l’Ouest est-elle assise sur une mine d’or ?

Le Cameroun, berceau de nos ancêtres, fait depuis plus de 15 ans l’objet de convoitises dans son secteur minier. Beaucoup d’investisseurs sont venus, mais sont repartis faute de projets de classe mondiale.

Les projets miniers qu’on leur présente datent de l’époque coloniale et n’intéressent que des aventuriers, notamment certains Chinois et Indiens. Le Cameroun, en tant qu’État souverain, n’a encore rien fait pour mieux comprendre son sous-sol. Les quelques travaux de prospection ou d’identification des indices miniers ont été effectués grâce à des financements des bailleurs de fonds, qui prennent soin de nous cacher les véritables résultats. Pour des raisons géopolitiques, ces bailleurs de fonds, avec la bénédiction de nos régimes successifs, ont toujours fait le nécessaire pour parler très peu du potentiel minier de la région de l’Ouest. Pourtant, cette région réserve de grandes surprises susceptibles d’en faire l’eldorado minier du Cameroun. Si l’État camerounais ne veut pas investir dans la connaissance de son sous-sol, je lance donc un appel aux privés locaux à s’investir dans la prospection, la recherche et l’exploration dans la région de l’Ouest, qui, selon des études préliminaires, regorge d’un potentiel minier capable de surprendre plus d’un. L’Ouest est l’une des régions les plus riches du Cameroun en termes de diversité géologique. Les différents mouvements géologiques qui y ont eu lieu ont favorisé la formation de roches magmatiques, métamorphiques et sédimentaires, ainsi que de lacs de cratère et de gisements minéralisés. Le socle granito-gneissique y est d’origine panafricaine. La zone de cisaillement de Magba est un potentiel réservoir de minéralisations en or, manganèse, cuivre, et autres minerais. Ainsi, la région de l’Ouest regorge :

• de gisements utiles dans les travaux de construction et de décoration, tels que le granite, le gneiss, le basalte, les ignimbrites, les phonolites, la syénite, les cendres volcaniques, et les amphibolites ;

• de dépôts argileux à Marom, exploitables dans l’industrie de la céramique, de la cosmétique et du bâtiment ;
• de la pouzzolane dans le Noun, aux propriétés mécaniques intéressantes, exploitée localement et à l’échelle industrielle par Cimencam et Dangote pour la fabrication du ciment. En ce qui concerne le potentiel minier, on y trouve :

• la bauxite à Fongo-Tongo (Menoua) et à Foumban (Noun), utilisée pour la fabrication de l’aluminium ;

• des indices d’or, de lignite, de zinc, de cuivre, de manganèse, ainsi que d’autres substances connexes, disséminés dans toute la région, et qui doivent faire l’objet de recherches appropriées. Sur le plan hydrologique, les hautes terres de la région de l’Ouest sont de véritables réserves d’eau : c’est le deuxième château d’eau du Cameroun. La source bicarbonatée de Foumban, qui pourrait faire l’objet d’une exploitation industrielle, présente une couleur et une saveur particulières. On y trouve également de nombreux lacs naturels et artificiels : le lac Bamendjin, le lac municipal de Dschang, ou encore le barrage de la Mapé. La connaissance de notre sous-sol nous permettrait de mieux valoriser nos ressources minérales, et ainsi d’entrer dans des partenariats gagnant-gagnant, au lieu des accords gagnant-perdant qui caractérisent, hélas, le secteur minier actuel à l’échelle nationale.

Dr Bareja Youmssi

Expert en mines et pétrole

Enseignant-chercheur

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