Présidentielle

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Élections sous tension dans les régions anglophones

Ce dimanche 12 octobre 2025, les régions anglophones du Cameroun ont connu des élections sous haute surveillance, dans un climat marqué par la peur, les appels à la ville morte et un déploiement sécuritaire massif. Malgré l’ouverture des bureaux de vote, la participation est restée faible, révélant les nombreux obstacles qui entravent le processus démocratique dans ces zones en crise.

À Bamenda, chef-lieu du Nord-Ouest, les électeurs se sont rendus aux urnes sous une pluie battante. Les bureaux ont ouvert à 8h, avec un affichage des listes électorales censé garantir la transparence. Le matériel de vote était complet, mais la présence des représentants des partis politiques variait fortement. À Up Station, seuls les mandataires du SDF et du RDPC étaient visibles dans les dix bureaux du centre. Malgré une affluence relative dans certains quartiers comme Old Town, le centre-ville de Bamenda, avec ses 48 bureaux de vote, a enregistré une participation très faible. Un président de centre a confié anonymement que « un peu plus de mille personnes ont voté » sur plus de quatorze mille inscrits. Les longues distances à parcourir et la peur des représailles des groupes séparatistes ont découragé de nombreux électeurs. Le sénateur Vaniganseh Mochigle, représentant du candidat SDF Joshua Osih, a dénoncé l’éloignement des bureaux de vote : « Les électeurs doivent marcher entre 5 à 10 km. On empêche les citoyens d’exercer leur devoir civique. » Un habitant de Bamenda a justifié son abstention par « la peur de l’inconnu », évoquant la menace constante des « Ambas boys ». Dans plusieurs localités, les rues sont restées désertes, les commerces fermés, et la pluie a accentué les difficultés de déplacement. À Fundong, des tirs attribués aux séparatistes ont été entendus avant l’ouverture des bureaux, provoquant la panique. Des incidents similaires ont été signalés à Kumbo, sans faire de victimes. Malgré ce climat tendu, le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, s’est félicité du déroulement du scrutin, saluant le travail d’ELECAM et l’engagement des électeurs. Il a assuré que les résultats seraient centralisés pour proclamation par le Conseil Constitutionnel. Ces élections illustrent les défis persistants dans les régions anglophones du Cameroun. La faible participation, les accusations de manipulation et les obstacles logistiques soulignent l’urgence d’un dialogue inclusif pour restaurer la confiance et garantir des élections véritablement démocratiques.

Frédéric Takang

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