Affaire Diane Yangwo

0
3

La justice condamne un fugitif

Si le tribunal de grande instance du Wouri avait retenu cet assassin dans les liens de la prévention, compte tenu de la gravité des faits, la Cour d’appel du Littoral qui vient de lui infliger une peine de 20 ans de prison ne serait pas aujourd’hui en train de lancer un mandat d’arrêt international pour le rattraper. Alors qu’une importante autorité de ce pays a récemment repris violemment un journaliste en soutenant que ce criminel n’est jamais libre.

Un acte fort vient de s’accomplir dans la lutte contre les violences faites aux femmes au Cameroun. Éric Bekobe, l’ex-mari assassin de Diane Yangwo se voit infliger une peine de 20 ans d’emprisonnement ferme par la Cour d’appel du Littoral alors qu’il est en divagation dans la nature. Lors d’une audience le 15 octobre 2025, il a été reconnu coupable de coups mortels sur son ex-épouse. « C’est nettement mieux que la précédente décision, sauf qu’à mon avis, la requalification devait être refaite au regard des faits, c’est un assassinat qui avait été prémédité », argue Me Jeanne Tchakounté, avocate de la victime. Une décision qui ne satisfait pas toujours la famille de la victime qui se dit déçue parce qu’elle espérait que le meurtrier de leur fille écoperait d’une peine capitale. L’assassinat de cette enseignante qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive se présente comme le féminicide de trop dans la société camerounaise. En rappel, la condamnation de son époux assassin, le 1er avril 2025 à cinq ans de prison avec sursis et une amende de 53000 francs CFA a suscité une vague d’indignation en raison du verdict jugé trop « clément ». Les populations ont d’ailleurs interpellé les autorités sans cesse à l’effet de les pousser à revoir la peine de cet assassin, ce qui a amené une très haute autorité de la république à affirmer pour rassurer la population que ce dernier « n’est jamais libre ». La question qui se dégage de cette récente déclaration de la haute autorité est celle de savoir si on peut lancer un mandat d’arrêt contre quelqu’un qui n’est jamais libre. Les violences conjugales dont sont victimes les femmes sont en augmentation au Cameroun : 28 féminicides ont été recensés depuis le 1er janvier par le collectif Stop féminicides 237. En 2023, 57 cas avaient été enregistrés par ministère de la promotion de la femme. En 2024, leur nombre est passé à 76. « Pour protéger les victimes et punir les auteurs », le gouvernement a lancé en 2023 « le processus d’élaboration du projet de loi spécifique aux violences faites aux femmes et aux filles », explique Bernadette Françoise Bekono, sous-directrice au ministère de la promotion de la femme et de la famille. Toutefois, depuis, ce projet de loi « sommeille dans un des tiroirs du ministère de la justice, sans aucune explication », indique Adakou Apedo-Amah, présidente de l’association Womed, basée à Yaoundé, spécialisée sur les questions de genre.

Face à la lenteur des institutions publiques, la mobilisation des associations féministes n’a pas faibli. En février, le collectif Stop féminicides 237 a présenté un plaidoyer devant la chambre basse camerounaise en faveur de la protection des femmes victimes de violences, aboutissant à l’examen de la proposition de loi, en juin. Pour la société civile et les défenseurs des droits de femme, ce verdict est une consolation. Mais le plaidoyer se poursuit pour que le terme féminicide soit inscrit dans le Code pénal en vue d’une loi spécifique contre les violences faites aux femmes et aux filles au Cameroun. En rappel, Diane Yangwo est décédée le 18 novembre 2023, des suites de violences physiques infligées par son conjoint, qui avait reconnu sa responsabilité le 4 mars devant les juges. L’autopsie a conclu à un décès causé par « des violences physiques compliquées d’hémorragie interne abdominale ».

PIF

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here